Jeff

Jeff n’a bien évidemment jamais reproduit chez nous. Mais comme il apparaît sur de nombreuses photos, je lui accorde ces quelques lignes …

Jeff est mon premier chien, arrivé chez moi en septembre 2010, à l’âge de 1,5 voire 2 ans. A son arrivée, il était adorable avec nous mais très fugueur, bagarreur avec les autres chiens (mal sociabilisé), et surtout très malade (atteint d’une maladie auto immune assez grave). Il était extrêmement maigre, à la limite de devoir être euthanasié à cause de cela …

Après une année de soins médicaux, d’éducation et surtout de patience, il a réapprit à cohabiter avec les autres chiens et son état de santé s’est amélioré. Il est resté fugueur durant au moins 5 ans mais a fini par abandonner les fugues !

Avec l’âge, Jeff est devenu le plus parfait des compagnons, d’une gentillesse et d’une douceur incroyable. Il a toujours été très intelligent, il me connaît par coeur, et sait profiter de mes faiblesses pour obtenir ce qu’il veut !

Jeff est un peu mon « premier enfant », c’est grâce à lui que ma passion des chiens et de l’élevage de chiens est née. C’est pour cette raison qu’il méritait bien d’avoir sa page sur mon site !

Jeff nous a quitté le 3 octobre 2022, à l’âge d’environ 14 ans … Une terrible épreuve pour moi qui perdait alors bien plus que mon premier chien … Les mots me manquent encore lorsque je pense cette perte, voici le texte que j’ai rédigé le jour de notre séparation :

« Il y a 12 ans presque jour pour jour, je rentrais à l’école vétérinaire de Lyon. Le rêve de toute une vie !

Mais un autre rêve m’accompagnait depuis la plus tendre enfance : celui d’avoir un chien ! Mes parents n’avaient jamais voulu en avoir, alors j’avais patiemment attendu le jour où je serai autonome. Impossible de prendre un chien en classe préparatoire, j’attendais impatiemment l’entrée en école vétérinaire.

Alors le 1er septembre 2010, pendant que certains fêtaient leur intégration dans l’école vétérinaire, je parcourais les box de la SPA, jusqu’à porter mon regard sur toi.

J’ai tout de suite eu le coup de foudre pour toi, Jeff, jeune chien de chasse tout « foufou », tout excité, indomptable, avec presque aucune éducation. Alors je me suis lancée dans l’aventure, je t’ai adopté.

Tu n’avais probablemnet jamais mis les pieds à l’intérieur d’une maison. Tu n’avais jamais connu le confort d’un canapé, ni la douceur des caresses. Tu étais squeletique, « brut de décoffrage », tu n’osais pas trop me regarder au début, tu te demandais ce que je voulais faire de toi !

Durant les premières années, j’ai parfois presque regretté mon choix. Tu étais atteint d’une maladie chronique difficile à soigner, mais tu as fini par en guérir au prix de nombreux traitements (pas facile de joindre les 2 bouts quand on est étudiant !). Et puis, tu étais bagarreur, fugueur, destructeur, tu aboyais non stop quand je partais en cours.

Je t’emmenais souvent en balade vu que tu étais très nerveux : je savais quand commencait la balade, mais jamais quand elle allait finir, car tu prennais souvent des « itinéraires Bis » imprévus et il fallait souvent t’attendre de longues minutes/heures jusqu’à ce que tu daignes revenir !

Mais malgré tout, je suis tout de suite tombée raide dingue de toi, parce que tu étais le plus gentil des chiens, le plus doux, le plus câlin. Tu me vouais un amour inconditionnel, tu aurais été jusqu’au bout du monde pour moi, alors très vite je serai allée jusqu’au bout du monde pour toi ! Les premières années ont été difficiles, mais avec toi j’ai tant appris sur le comportement canin !

Et nous en avons fait des choses, je t’emmenais partout avec moi, car je ne voulais te confier à personne. Tu m’as accompagné durant tous mes stages, même si cela n’était pas toujours évident !

Avec toi, j’ai rencontré l’homme qui est devenu mon mari.

Avec toi, j’ai acheté la maison qui est aujourd’hui la mienne, l’emprunte de ta patte est d’ailleurs moulée dans les marches à l’entrée de la terrasse !

Avec toi, j’ai vu naître et grandir mes deux filles, j’ai passé toutes mes grossesses à tes côtés.

Avec toi, j’ai connu des hauts et des bas, mais tu étais toujours là pour me réconforter, me réchauffer le coeur, quand ça n’allait pas

Avec toi, j’ai rencontré Jiwan, mon premier whippet et, à vous deux, vous avez fait naître cette superbe passion qui m’anime encore aujourd’hui !

Tu étais la joie de vivre même, tu adorais jouer à la balle. La semaine dernière je te lancais encore la balle le soir. Vendredi dernier, je t’emmenais encore en balade dans les champs et tu courrais partout avec l’énergie d’un jeune chien ! La semaine dernière je faisais encore une sieste collée contre toi pour me réchauffer , c’était notre petit rituel entre midi et deux !

Hier, nous étions en famille, tu étais tout content de voir la joie autour de toi. Tu rentrais et sortais sans cesse dehors pour suivre mes filles qui jouaient. Ce matin, tu aboyais, comme à ton habitude, avec un jouet dans la gueule pour nous dire bonjour lorsque nous nous sommes levés.

Mais tout d’un coup à 9h du matin je t’ai vu vaciller, tituber, et t’affaisser. J’ai tout de suite compris que quelque chose n’allait pas. Même plein d’arthrose, tu n’aurais jamais fait ça. Tes oreilles et tes pattes étaient froides au touché.

Je t’ai emmené en urgence à la clinique, tu as eu une batterie d’examens mais c’était à rien n’y comprendre. Bilan sanguin quasiment normal, juste des signes de pancréatite à l’échographie mais test sanguin pancréatite négatif. Radio presque normale. Bref on ne savait pas ce que tu avais !

Alors j’ai tenté le tout pour le tout, tu étais tombé en hypothermie à 34 degrés dans la matinée. J’ai initié des soins, tu remontais la pente, tu te relevais ce midi.

Après mangé je suis allée reprendre ta température, tu étais remonté à 36 degrés, youpi ! J’étais pleine d’espoir, tu étais un battant !!!

Mais à peine 2 minutes plus tard, tu as rendu ton dernier souffle, sans crier gare …

Je suis effondrée, tout est allé si vite. Je n’étais même pas à côté de toi lors de cet instant fatidique, j’aurai tant voulu t’accompagner dans tes derniers instants ! Mon mari me dit que tu étais paisible car tu m’entendais parler dans la pièce, tu étais chez toi, tu étais sous morphine depuis ce matin. J’espère que tu es partis paisiblement en effet.

Tu m’as épargné ce que je redoutais le plus en tant que vétérinaire : devoir te faire « la dernière injection ». J’y avais déjà songé plusieurs fois, je m’étais dit que le jour J j’en serai incapable, donner la mort au compagnon avec qui j’avais partagé tant d’années ! Peut être as tu sentis qu’il valait mieux que tu prennes ton envol sans mon aide

Jeff, tu étais mon meilleur ami, mon premier enfant, mon premier compagnon. Tu étais tout pour moi, je n’ose même pas imaginer la vie sans toi.

Ce soir je suis éfondrée, je vais devoir réapprendre à vivre sans toi !

Reposes en paix là où tu es «