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La dysplasie des hanches et coudes

Le terme « dysplasie » signifie « anomalie du développement et de la forme » : la dysplasie des hanches ou des coudes, est désigne donc une anomalie de la forme ou du développement de ces articulations. Dans la mesure où les hanches et les coudes sont des articulations très importantes pour tout déplacement, les anomalies qui touchent ces articulations ont une répercution importante sur le bien être animal.

La dysplasie des hanches ou la dysplasie des coudes sont des maladies d’origine génétique mais liées à un très grand nombre de gènes. Si les scientifiques commencent à identifier certains des principaux gènes acteurs de ces maladies, il n’existe actuellement aucun test génétique pour ces maladies.

Le dépistage de la maladie repose sur la réalisation de radiographies des hanches et des coudes dans le but de voir si les reproducteurs présentent une conformation normale ou non. L’idée est de reproduire les chiens les plus sains possibles, tout en conservant assez de reproducteurs pour ne pas apauvrir le cheptel. En effet, si l’on écarte trop de chiens de la reproduction, on augmente le taux de consanguinité globale dans la race, ce qui fera ressortir d’autres maladies à support génétique.

Les vétérinaires ont donc réalisé une échelle de dysplasie pour les hanches et pour les coudes. Les reproducteurs sont radiographiés en fin de croissance, généralement à partir de l’âge de 12 mois, sous anesthésie, pour déterminer si la conformation de leurs hanches et de leurs coudes est bonne ou non.

Plus le grade de dysplasie est élevé, et plus l’animal est succeptible de développer de l’arthrose précoce, donc de la douleur, voire de graves difficultés motrices dans les cas les plus avancés. Dans les cas les plus sévères, une opération chirurgicale sera nécéssaire pour soulager la douleur de l’animal. Par exemple, pour les hanches, il est possible de mettre en place une prothèse de hanches. Ces opérations sont généralement couteuses et nécessitent une longue prise en charge post opératoire.

Dysplasie des hanches :

Après réalisation de radiographie sur les reproducteurs, les hanches font être classés de A à E selon leur aspect à la radiographie :

  • A : Aucun signe de dysplasie
  • B : Etat sensiblement normal
  • C : Dysplasie légère
  • D : Dysplasie moyenne
  • E : Dysplasie sévère

Dans la plupart des races, les chiens A et B peuvent être reproduits entre eux sans problème. Les chiens C sont généralement reproduits uniquement avec des chiens A. Dans les races à très faible cheptel, les chiens D sont parfois reproduits pour ne pas apauvrir trop le pool génétique de la race.

Dysplasie des coudes :

Il existe plusieurs types de dysplasies du coude chez le chien, elles sont représentées dans le schema ci dessous :

Après réalisation des radiographies des coudes, les coudes vont être classés de la façon suivante :

  • ED0 : Coude normal
  • ED1 : Arthrose peu marquée (dysplasie légère)
  • ED2 : Arthrose modérée ou suspicion de lésion primaire (dysplasie moyenne)
  • ED3 : Arthrose sévère ou présence indubitable d’une lésion primaire (dysplasie sévère)

De la même façon, les stades avancés de dysplasie ne sont pas reproduits, les stades intermédiaires ne sont reproduits qu’avec des chiens sains.

La dysplasie chez le whippet :

Pour beaucoup de races, le dépistage de la dysplasie des hanches et/ou des coudes est fortement conseillé par le club de race. Ce dernier va pousser les éleveurs à réaliser les radiographies en exigeant, par exemple, que le chien soit indemne de dysplasie pour pouvoir accéder à la cotation des reproducteurs.

Pour le whippet, le club de race ne pousse pour le moment pas du tout à la réalisation de radiographies. A vrai dire, à l’heure où cet article est écrit (mi octobre 2023), le club n’a désigné aucun lecteur officiel de radiographie des hanches et des coudes pour la race. En effet, c’est normalement au club de race de désigner un vétérinaire français qui lira, de façon anonyme, toutes les radiographies des hanches et/ou des coudes des chiens de la race pour ensuite classer les reproducteurs selon les grilles que nous avons indiquées ci dessous.

Pourquoi si peu d’intérêt pour la dysplasie chez le whippet ? Il est impossible de répondre que c’est parce que la race n’est pas touchée par la dysplasie : sans réaliser de radiographie à large échelle, il est impossible de savoir si le cheptel est indemne ou pas pour ces maladies. La raison réside plutôt dans le physique du whippet : c’est un chien léger, de taille moyenne et très musclé. Même si les hanches ou les coudes présentent des anomalies, les symptômes se feront voir très tardivement car l’arthorse se développera beaucoup plus lentement que dans une race lourde comme le golden retriever par exemple. Or, quand un chien de 8 ans se met à boiter un peu, on considère que c’est l’âge et basta, on ne cherche pas forcément à réaliser un dépistage de dysplasie à ce moment là. Le whippet est donc une race pour laquelle la dysplasie des hanches ou des coudes aura un impact plus faible que sur d’autres races plus grandes et plus lourdes.

Globalement, sur un whippet, on peut imaginer que seul un stade D ou E de dysplasie des hanches sera succeptible de présenter des symptômes un jour : arthrose précoce, difficulté lors des déplacements, voire forte douleur lors des déplacements pour un cas E très grave. Concernant la dysplasie du coude, la simple présence d’une des 3 formes de dysplasie peut entrainer des symptômes marqués immédiatement, mais actuellement nous ne savons pas si la race est touchée par ce type de dysplasie.

Pour autant, certains vétérinaires commencent à faire remonter au club de race des cas de dysplasies des hanches sévères chez le whippet. Ces cas sont encore rares, mais comment savoir si tous les cas sont dépistés ? Est ce que tous les propriétaires s’apercoivent des difficultés locomotrices de leur chien ? Est ce que tous iront jusqu’à payer pour faire réaliser des radiographies sous anesthésie générale ? Et quand un stade grave est décelé, est ce que tous les vétérinaires auront le reflexe de contacter le club de race pour l’en informer ? Etant moi même vétérinaire, je peux dores et déjà répondre à la dernière question par un NON !

C’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé, en 2023, de mettre en place le dépistage de la dysplasie des hanches et des coudes dans notre élevage. C’est certes un examen assez couteux. C’est aussi prendre le risque de devoir retraiter des chiens que j’aurai reproduit sinon (si l’on ne cherche pas, on ne trouve pas !).

Ce qui m’a poussé à mettre en place ce dépistage chez mes chiens, c’est que je n’avais pas envie de me rendre compte qu’un jour j’avais fait naître un chiot gravement dysplasique issus de parents déjà très dysplasiques.

Comme il n’existe actuellement aucune statistique sur la fréquence de chaque grade de dysplasie dans la race, je décide pour le moment de reproduire les chiens jusqu’à un stade C. Les chiens C ne seront reproduits qu’avec des chiens A.

Si des statistiques sont éditées un jour, et que les chiens C se révèlent très minoritaires dans le cheptel, alors je les écarterai de la reproduction.

ATTENTION : Il est important de comprendre que la réalisation de ces radiographies sur les parents n’écarte pas totalement le risque de dysplasie chez les chiots. 2 parents A peuvent donner naissance à un chiot E, dans la mesure où cette maladie est due à un grand nombre de gènes. Certains chiens peuvent ainsi être porteurs de gènes défaillants mais présenter de belles hanches et de beaux coudes pour autant. En revanche, le dépistage et la séléction des reproducteurs en conséquence diminue énormément le risque de faire ressortir un stade grave de dysplasie sur les chiots. Plus l’on reproduit des chiens sains, aux hanches et coudes parfaits, et moins on a de chance d’avoir des problèmes sur les chiots.